Quelques données historiques sur les Alpes Maritimes
pendant la révolution
La frontière entre la France et le royaume de Piémont-Sardaigne
passait à peu près le long du fleuve Var. Nice n'était
donc pas française jusqu'en 1792. Lors de la création
des départments en 1790, le département du Var (chef-lieu
Draguignan) allait jusqu'au var (d'où son nom), incluant
Cannes, Grasse, Antibes, Vnce, Cagnes, Saint-Laurent-du-Var ...).
La carte fut modifiée suite la conquête et à
l'annexion de Nice par la France en 1792.
"Un premier département des Alpes-Maritimes exista de 1793 à 1814. Son chef-lieu était Nice, mais ses limites différaient de celles du département actuel, incluant Monaco et Sanremo (Saint-Rème) mais non l'arrondissement de Grasse (alors dans le département du Var)". (Wikipedia, article "Alpes Maritimes".
Nice fut jusqu'en 1792 un centre important de la contre-révolution car de nombreux nobles, prêtres réfractaires et contre-révolutionnaires ayant émigré de France s'y étaient réfugiés. Ce rassemblement de contre-révolutionnaires, soutenus par le roi de Piémont-sardaigne, inquiétait les français, qui craignaient une attaque, et répliquèrent par la formation d'une armée révolutionnaire à la frontière niçoise.
L'émigration à Nice
" Des immigrés français s 'installent sur le
littoral du comté de Nice (des touristes anglais y sont
depuis le milieu du siècle) ; les voisins d'abord : en
1792, à la procession de la Fête-Dieu, quatre chanoines
de saint-Victor de Marseille, les évêques de Fréjus,
Toulon, Senez et Mgr de Prunières, de Grasse, parmi plus
de 400 prêtres français. 2000 émigrés
laïcs se logent comme ils peuvent : une douzaine de membres
de l'ancien Parlement d'Aix, la Marquise de Cabris, sur
de Mirabeau, qui a quitté Grasse et emmené courageusement
son fou de mari, le duc et la duchesse de Rohan, la duchesse de
la Trémoille. Leur nombre, leurs rodomontades, impatiences,
insolences, augmentent les inquiétudes des 20 000 niçois.
"
Gonnet et Peronnet, 1989, p. 89.
En 1791, agitation des émigrés à Nice,
qui croient que le roi a fui à l'étranger.
" Les français ont été insultés
par les émigrés
Les émigrés
ont fait éclater leurs transports de joie. Je ne vous dirai
pas les saillies incroyables que cette nouvelle a provoquées.
Les domestiques des nobles émigrants se sont montrés
d'une extrême insolence. " (lettre de Leseurre, consul
de France à Nice, au maire d'Antibes).
" les émigrés avaient à cette nouvelle
pris la cocarde blanche, et foulé aux pieds la cocarde
tricolore. Les bâtiments français avaient été
obligés d'arborer le drapeau blanc.
Lettre d'un émigré à Turin, interceptée
à Saint Laurent du var fin juin 91 :
" Je crois que nous partirons de Turin dans les premiers
jours de juillet. Nous irons à Nice avec 70 000 hommes,
y compris les espagnols qui nous rejoindront en Provence ".
La préparation de la guerre en 1792 à Nice :
" 27 avril 1792, lettre de Leseurre, consul de France à
Nice :
" On nous annonce déjà les corps supplémentaires,
régiment des gardes, deux bataillons du régiment
provincial de Mondovi. Il est question de l'arrivée prochaine
de 3 à 400 hommes de cavalerie
" (cité
par Tisserand, 1878).
Opérations militaires
20/04/92 : l'Assemblée législative déclare
la guerre à l'Autriche. La Prusse et le Piémont
s'allient à l'Autriche : le Var, frontalier avec le Piémont
(par le comté de Nice) devient zone militaire.
1792 : le général d'Anselme (= Danselme) nommé
à Antibes.
25/09/92 : le sénat et le consulat de la mer de Nice se
réfugient à Saorge, dans la montagne.
27-28/09/92 : les bateaux français de l'amiral Truguet
croisent dans la baie de Nice.
28/09/92 : le général sarde Courten ordonne l'évacuation
de ses troupes à Saorge. Les piémontais abandonnent
la côte sans combattre.
Nuit du 28 au 29/09/92 : exode général des émigrés
et de l'administration de Nice., 10 000 personnes s'enfuient.
29/09/92 : entrée dans Nice des troupes de Danselme.
29/09/92 : Création d'une administration civile provisoire
(" assemblée des corps administratifs réunis
de la ville et du ci-devant comté de Nice "), présidée
par BARRAS, député du Var à la Convention,
représentant en mission.
12/10/92 : Brunet (officier de l'armée française
de Danselme à nice) à la tête de 2000 hommes,
se met en marche, occupe l'Escarène, Sospel et breil.
15/10/92 : la nouvelle administration demande le rattachement
à la France. La Convention répond en demandant un
vote des populations, qui aura lieu le 25/11/92.
22/10/92 : un bataillon français entre dans la principauté
de Monaco, qui est annexée le 14/02/93.
31/01/93 : la Convention accepte le vu des niçois
: Nice devient française.
4/02/93 : création du département des Alpes Maritimes.
1/03/93 : arrivée à Nice de Grégoire, représentant
en mission, qui reste jusqu 'au 9/05/93 : il organise le département.
Octobre 92 à été 93 : combats entre les troupes
françaises et sardes dans la montagne (vallées de
la Roya et de la Bevera).
l'été 93, lors de la poussée fédéraliste
en Provence occidentale, le var oriental reste jacobin.
Du 5 avril 1794 au 29 avril 94 : défaite des sardes,
prise de Saorge par les français.
Un rapport de l'armée d'Italie de l'été 93
fait état de 15% de déserteurs et de près
de 40% de malades et de blessés. Pour ces derniers, la
mortalité fut effroyable : les hôpitaux improvisés
de Grasse, d'Antibes, de Vence,
furent des antichambres
de la mort.
Sources
Bibliographie
GONNET P., PERONNET M., 1989. Histoire de la révolution
dans les Alpes-Maritimes. 1789-1799. Le Cotteau, Horvath.
MARGUERITTE M., PERONNET M., 1989. Histoire de la révolution
dans le Var. 1789-1799. Le Cotteau, Horvath.
TISSERAND E., 1878. Histoire de la Révolution française
dans les Alpes maritimes. Nouvelle édition 1974, Marseille,
Lafitte Reprints.
COLLECTIF, 2000. Patrimoine des communes de France. Les Alpes
Maritimes. Ed. Flohic.
BADET C., 1989. La révolution en Provence. Images &
histoire. Avignon, A. Barthelemy.