Les pieve sont des unités administratives antérieures à l'administration administrative issue de la révolution française (communes, cantons, départements). Tenant compte du cloisonnement imposé par le relief, elles correspondaient à une vallée occupée par plusieurs communautés et organisaient l'espace d'une économie autarcique. Cette organisation serait antérieure à l'an mille. Le territoire de la pieve est orgnaisé en trois zones au régime foncier différent (texte issu de W. Dressler, La Corse en question(s)) :
- une zone de plaine redistribuée périodiquement entre les différents chefs de famille pour les semailles de grains (a presa)
- une zone appropriée de façon permanente autour des unités d'abitation fixes sur les collines (u circulu)
- une zone de pâturages saisonniers, en plaine et en montagne, généralement indivise aux communautés de la pieve (u forestu).

La vallée du Taravo (Taravu) était divisée en trois pieve : Ornano, Taravo, Istria.

Cette organisation de l'espace a permis aux populations de maintenir tardivement un mode de vie autarcique, en privilégiant la propriété des troupeaux au détriment de celle des terres.
La transformation de l'économie corse en économie moderne tournée vers le tourisme et l'agriculture intensive concentrée sur le littoral se heurte au poids de cette tradition d'occupation de l'espace. Ces traditions sont restées plus vives dans le sud, plus éloigné des relations commerciales que le nord proche des côtes ligures et toscanes ; le Sud a conservé longtemps une activité à dominante pastorale, presque entièrement contrôlée par les grandes familles, au service desquelles sont restés longtemps des bergers métayers.
A Sollacaro, le souvenir est resté vivace des journaliers se rendant le matin chez le sgiò (seigneur) dans l'attente d'une embauche.